Opérations Forestières

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Bâtir une équipe de rêve

En misant sur de nouveaux équipements et sur des opérateurs de la relève, Bertrand Tremblay a bâti une entreprise forestière en pleine croissance.

7 juillet, 2016  par Guillaume Roy


Bertrand Tremblay, qui gère trois des quatre kits d’abatteuses de Forestiers Marcel Tremblay, récolte entre 160 000 à 170 000 mètres cubes annuellement. Ses 12 employés travaillent des chiffres de 12 heures cinq jours par semaine.

À une cinquantaine de kilomètres au nord de St-Thomas-Didyme, l’équipe de Forestiers Marcel Tremblay et fils est en train de finir de récolter un lot en ce début du mois de mars. D’ici quelques jours, ils plieront bagage pour aller bûcher dans le secteur d’Obedjiwan.

Dès mon arrivée en forêt, je note un vent de renouveau au sein de l’équipe de travail de Bertrand Tremblay. La moyenne d’âge de ses 12 employés est d’à peine 30 ans ! « Le plus vieux, c’est moi, et j’ai 54 ans », lance Bertrand Tremblay tout souriant, qui a pris la relève de son père Marcel en 1990.

Dans le camion de service, je rencontre Mathieu Tremblay, 28 ans, qui a commencé à travailler avec son père il y a maintenant 8 ans. Un peu plus tard, je fais connaissance de Francis Tremblay, 25 ans, qui pilote la première abatteuse Scorpion livrée au Canada, en décembre 2014. Puis, je tombe sur Jérémy Audet, 25 ans, qui opère le transporteur Elephant King, accompagné d’un stagiaire de 29 ans, Francis Lavoie.

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Contrairement aux têtes grises que l’on croise généralement en forêt, c’est une gang de jeunes, qui écoutent du punk rock, qui parlent de kayak et de sports extrêmes que je rencontre en forêt. C’est d’ailleurs l’ambiance de travail positive de l’entreprise qui a convaincu Jérémy Audet de retourner travailler en forêt. « Je voulais retourner à l’école pour changer de job, mais quand j’ai commencé à travailler avec cette équipe-là, je me suis dit que je voulais travailler ici pour le reste de ma vie », lance le jeune homme aux cheveux longs, tout sourire.

Alors qu’il est parfois difficile d’obtenir sa première chance de conduire une machine qui vaut plusieurs centaines de milliers de dollars, le stagiaire Francis Lavoie a été accueilli à bras ouverts. « Je me sens vraiment à ma place ici », dit-il.

Pour Bertrand Tremblay, l’avenir de l’entreprise familiale passe par une relève compétente. « De plus en plus de travailleurs forestiers prennent leur retraite. On doit former des jeunes opérateurs et des entrepreneurs de la relève », dit-il.

C’est pourquoi il a rapidement fait confiance à ses deux gars, qui ont intégré l’équipe de travail avant d’avoir 20 ans. Son troisième garçon, Simon, devrait rejoindre les rangs d’ici deux ans. Puis, Mathieu et Francis ont parlé des opportunités de travail en forêt à leurs amis, attirant ainsi d’autres bons jeunes opérateurs.

Il faut dire que Bertrand Tremblay a mis toute la gomme pour avoir des équipements derniers cris qui sont faciles à entretenir. En moins de deux ans, il a investi plus de 2 millions de dollars de nouvelles machines Ponsse, en faisant l’acquisition deux abatteuses, une Fox et une Scorpion, un transporteur Elephant King (modèle 2016) et deux têtes d’abattage H7. Ces équipements sont venus s’ajouter aux abatteuses John Deere 753 et Timberjack 608 (toutes les deux avec une tête H7), et aux trois porteurs que l’entreprise opérait déjà – un Elephant King 2012, un Ponsse Elephant et un Timberjack 1710.

L’achat de machines neuves permet bien sûr de réduire la maintenance, mais ça aide aussi à  attirer les meilleurs opérateurs, souligne Bertrand Tremblay. « La passion des jeunes, c’est de bucher et de sortir du bois. C’est pas de faire de la mécanique », dit-il.

Alors que la plupart des entrepreneurs forestiers peinent à recruter de la main-d’œuvre compétente, Bertrand Tremblay s’est bâti une équipe de passionnés en investissant dans la machinerie et dans la formation de la relève.

Parcours de montagne russe
Si les affaires roulent bien pour Forestiers Marcel Tremblay et fils, ce ne fut pas toujours le cas par le passé. En 2014, Bertrand et son frère Dany, ont perdu de gros contrats avec Résolu. Du jour au lendemain, les frères se sont retrouvés avec trois « kits », mais plus de bois à couper.

Heureusement, le nouveau système de mise aux enchères a créé des opportunités pour les entrepreneurs. Au lieu de se laisser abattre, Bertrand a trouvé de bons contrats de récolte avec André Bernier Entrepreneur Forestier, basé à Dolbeau-Mistassini.

Pendant que son frère Dany a recommencé à bucher pour Résolu, Bertrand a d’abord placé deux abatteuses avec André Bernier, qui quelques mois plus tard, lui demandait s’il pouvait augmenter la cadence pour récolter 50 000 m3 en quelques mois.

Bertrand a profité de l’occasion pour augmenter la cadence en travaillant avec la nouvelle abatteuse qu’il a reçue en décembre 2014 : l’abatteuse sur roue Scorpion de Ponsse. Cet achat a fait le bonheur de ses fils, Mathieu et Francis, qui adorent leur nouveau « jouet ». « Il y a tellement de technologie là dedans que ça peut avoir l’air épeurant pour les opérateurs qui ne connaissent pas ça. Mais c’est une machine qui n’a pas de bout », lance Mathieu, qui a été le premier à opérer la Scorpion. Mécanicien hors pair, il s’occupe maintenant principalement de la maintenance et c’est son frère, Francis qui a pris les commandes de l’abatteuse depuis le mois d’octobre. « C’est la machine la plus confortable que je connais », dit-il.

Pour Rémi Parent, superviseur de coupe pour André Bernier Entrepreneur Forestier, travailler avec une équipe comme celle de Bertrand Tremblay permet de mieux planifier la récolte. « Je sais que je vais pouvoir sortir de 4000 à 5000 m3 par semaine, ce qui permet de mieux prévoir les opérations pour l’hiver », note ce dernier, conscient de la force de frappe de Forestiers Marcel Tremblay et fils.

En rétrospective, Bertrand Tremblay est bien heureux de la tournure des évènements. « Rien n’arrive pour rien dans la vie », dit-il, heureux des choix qu’il a faits et de la liberté qu’il a acquise.

C’est cette liberté de gérer son entreprise et d’investir quand les conditions sont favorables qui stimule aujourd’hui Bertrand Tremblay. En fait, Bertrand, qui a commencé à travailler en forêt à l’âge de 19 ans, est plus un entrepreneur qu’un opérateur. « Il y a eu des bouts difficiles ou j’ai pensé retourner à l’école. Mais que je suis devenu propriétaire, je me suis senti à ma place. Ça m’a permis d’investir dans de la machinerie et de voir plus loin. C’est le plaisir de travailler pour toi et de gérer tes propres affaires. » Alors qu’il pensait prendre sa retraite à 50 ans, Bertrand continue à travailler avec plaisir, d’une part, parce que les affaires vont bien, et d’autre part, pour laisser une entreprise en santé à ses gars.   

« Si on n’avance pas, on recule. Il faut toujours regarder pour continuer à avancer, en prenant des risques contrôlés. Dans 10 ou 20 ans, je veux que mes garçons continuent à évoluer et à avancer. C’est ce que j’essaie de leur inculquer », dit-il. Pas juste pour argent. Mais aussi pour le plaisir et la passion de travailler ensemble, en famille. « L’union fait la force et je veux que mes gars réussissent ensemble », affirme Bertrand.

Défaut rapidement corrigé
Acheter une abatteuse nouvellement disponible sur le marché peut toutefois amener quelques surprises. En janvier 2015, à Girardville, le châssis de la Scorpion a cassé en deux (tout comme ce fut le cas pour quatre autres machines Ponsse sur la planète) ! Rapidement, Hydromec, distributeur de Ponsse, est allé sur le terrain pour sortir la machine du bois, en fournissant une abatteuse en attendant la réparation.

Pour résoudre le problème, Ponsse a déployé une équipe de quatre personnes, qui sont arrivées au Lac-Saint-Jean moins d’une semaine après l’incident. Trois semaines plus tard, le problème a été réglé. Ponsse a alors rappelé toutes les machines où l’on retrouvait les pièces métalliques défectueuses. Aucun problème n’a été signalé depuis. « Toutes les machines peuvent avoir des bris. On a eu un excellent soutien et j’ai une confiance totale dans les produits de Ponsse », note Bertrand Tremblay, un an après l’incident.

Hydromec reçoit le prix du meilleur « Centre de service Ponsse au monde »
En plus de fêter son 40e anniversaire, Hydromec a récemment reçu le prix du meilleur « Centre de service Ponsse au monde ».

Marcel Trottier a fondé Hydromec en 1975 pour en 1975 pour offrir un service spécialisé de réparation de composantes, cylindres, boyaux et raccords hydrauliques à Dolbeau-Mistassini. Hydromec est maintenant le plus gros distributeur de boyaux Gates au Québec, et est solidement établi au Saguenay-Lac-Saint-Jean avec 50 travailleurs, répartis dans deux succursales. Plus de 400 personnes, dont les propriétaires de Ponsse, de Landrich et de Technologies Élément PSW (ELTEC), ont participé à la fête soulignant le 40e anniversaire d’Hydromec, le 24 octobre dernier à Dolbeau-Mistassini.

« C’est grâce à notre équipe de professionnels que nous avons pu devenir le meilleur concessionnaire Ponsse au monde en 2007 et encore en 2013 », souligne Jean Trottier, propriétaire d’Hydromec.

En septembre 2015, tous les centres de services Ponsse ont été visités par un service d’audit indépendant, et Hydromec a décroché le niveau 4 étoiles pour sa succursale de Chicoutimi et le niveau le plus élevé possible, soit 5 étoiles pour le siège social de Dolbeau-Mistassini. Aucun centre de service, filiales ou concessionnaires Ponsse au monde n’avait encore atteint le niveau maximum de 5 étoiles lors d’un premier audit, souligne fièrement Jean Trottier.   

Suite à ces résultats, Tapio Mertanen, directeur du service global chez Ponsse Oyj a remis le prix de « Meilleur Centre de Service Ponsse au Monde » à David Couture et son équipe pour la qualité de l’organisation, des services offerts, la disponibilité des pièces, l’expertise et le travail hors pair de son personnel.

Démo forestière avec cinq machines Ponsse et Eltec
Rares sont les démonstrations d’équipements forestiers ou l’on peut voir cinq machines en action en même temps. C’est pourquoi plus de 300 forestiers se sont déplacés dans l’arrondissement La Baie, à Saguenay, les 18 et 19 mars dernier.

Tant qu’à faire une démonstration, Hydromec y a mis la gomme en présentant deux abatteuses Ponsse (Scorpion King avec tête H7 et Fox avec tête H6), deux transporteurs Ponsse (Buffalo 15 tonnes et Éléphant King 20 tonnes), en plus de l’abatteuse Eltec FH277L avec une tête H7 HD.

Les forestiers sont venus des quatre coins du Québec pour venir tester, magasiner ou simplement admirer les machines dernier cri. Patrick Élément, propriétaire de Technologie Élément qui fabrique les machines Eltec, avait aussi fait le voyage de Val-d’Or pour accompagner Hydromec, son nouveau revendeur depuis un an. « La demande est très forte pour nos abatteuses et notre carnet de commandes est rempli jusqu’en juillet », soutient le forestier de Val-d’Or. Depuis que Technologie Élément a racheté l’entreprise de Volvo, qui fabriquait les machines Direct, en 2011, Eltec a vendu 74 machines. « Les gens commencent à connaître nos machines. Plus ça sort, plus le monde en veut. On devrait en sortir 40 l’an prochain », ajoute Patrick Élément, qui a aussi vendu plusieurs abatteuses en Alberta, en Colombie-Britannique et en Ontario.

Depuis le rachat, Eltec a amélioré a amélioré les machines Direct pour les rendre encore plus robustes, stables et performantes.

Jessy Savard, propriétaire de Forestier SD et d’une abatteuse Direct datant de 2006, a pu tester la différence en essayant l’abatteuse Eltec FH277L. « Tout a changé. C’est beaucoup plus doux à conduire. On n’entend presque pas le moteur, qui est maintenant à l’arrière », lance le forestier qui note au passage que la technologie a énormément évolué depuis 10 ans.


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