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Attirer la relève forestière : un défi pour l’Abitibi

18 octobre, 2018  par Émélie Rivard-Boudreau



L’Abitibi roule sur l’or depuis les dernières années. Les minières emploient beaucoup de travailleurs et les paient bien. L’industrie forestière a de la place pour la relève, mais peine à la conserver. Les institutions d’enseignement professionnel et collégial font donc des pieds et des mains pour attirer la formation des forestiers de demain. Leurs efforts séduisent d’ailleurs de plus en plus d’étudiants de l’étranger.

Stéphane Gaussiran est en enseignant en Technologies forestières au Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue depuis 24 ans. Depuis qu’il est en poste, l’intérêt pour le monde forestier a beaucoup changé. « Quand j’ai commencé, en 1995, on avait environ 65 étudiants par année », se souvient-il. Aujourd’hui, ils sont plutôt une trentaine à fréquenter son programme et autour de sept à diplômer par année. Pourtant, avec la pénurie de main-d’œuvre qui sévit au Québec, et d’autant plus en Abitibi, les forestières s’arrachent les diplômés. La même réalité s’observe au Centre de formation professionnelle (CFP) Harricana à Amos. « Deux ou trois ans après avoir fini leur cours, on voit de nos étudiants responsables de chantiers. On ne voyait pas ça avant », a remarqué Marco Labrecque, enseignant au DEP en Aménagement de la forêt depuis 12 ans.

La baisse d’intérêt proviendrait, entre autres, du changement des habitudes de vie des jeunes qui jouent moins dans la nature, estime Stéphane Gaussiran. Jumelée à l’instabilité du marché, la méconnaissance des métiers forestiers nuirait aussi au recrutement selon lui. « Il n’y a pas que le travail en usine ! Les gens ne sont pas conscients qu’il faut du monde pour aller en forêt pour un aménagement adéquat », déplore-t-il. Devant ce portrait, l’enseignant adapte son pitch de vente. Il met de l’avant le travail terrain intensif de sa formation, les avancées électroniques du métier, l’utilisation de la géomatique et de la photo-interprétation 3D, ainsi que stages en alternance travail/études.

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Le visage de la relève qui chanGE
Au fil des ans, la relève forestière compte plus de femmes et s’est rajeunie. Elle provient aussi de partout dans le monde, car, pour remplir les classes, les institutions d’enseignement se tournent vers l’international. Les campagnes de séduction semblent porter fruit auprès des Français, comme ce fut le cas pour Baptiste Viola, diplômé en Aménagement forestier du CFP Harricana d’Amos. « Le taux d’embauche est beaucoup plus intéressant. Chez nous, les meilleurs réussissent à se placer, mais c’est beaucoup plus dur, après qu’on ait terminé, de devenir contremaître ». Des ententes de double diplomation sont d’ailleurs signées entre plusieurs collèges québécois et français, ce qu’aspire à obtenir le Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue prochainement.

Le visage de la relève a changé, mais son cœur, lui, reste le même. Pour être heureux dans le monde forestier, il est toujours aussi incontournable d’aimer la nature, de faire preuve de débrouillardise et d’être en bonne forme physique. Comme les arbres, les forestiers de demain se doivent, comme ceux d’antan, de pouvoir rester debout sous la pluie, le vent, la neige, le froid, les grosses chaleurs, les moustiques et même, les Américains.


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