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Des synergies qui rapportent gros

En développant un complexe industriel, Boisaco et ses partenaires valorisent la majorité des sous-produits du sciage sur un même site.

7 janvier, 2016  par Guillaume Roy


On retrouve quatre usines sur le site industriel de Boisaco, qui est la propriété de Gesco, un holding qui appartient à Cofor et Unisaco, deux coopératives de travailleurs, ainsi qu’aux sociétés de placement Investra et Desjardins capital de risque.

Une usine de sciage. Une usine de panneaux de portes. Une usine de granule. Une usine de litière pour chevaux. Sans compter qu’une usine de cogénération devrait bientôt voir le jour sur le site du complexe industriel Boisaco à Sacré-Cœur, à une vingtaine de kilomètres de Tadoussac. Ajoutez à tout cela une usine de composantes de bois de palette, à Bergeronnes, pour utiliser le bois feuillu sur les parterres de coupe. Et voilà le petit empire de valorisation de la fibre qu’a réussi à mettre en place Boisaco depuis 1985 !

« Un jour, on aimerait que le bois rond qui rentre ici ne ressorte qu’en produit fini. C’est un beau rêve », lance Benjamin Dufour, directeur des opérations forestières pour Boisaco. Pour le moment, l’entreprise a tout de même réussi le tour de force de valoriser toutes les sciures et les planures, 35 % des copeaux et 70 % des écorces sur le site du complexe industriel.

Le concept du complexe industriel est venu des dirigeants qui avaient des idées visionnaires dans les années 1990. « Loin des acheteurs de fibre, ça nous arrivait d’avoir des problèmes de surplus de sous-produits », explique Marc Gilbert, directeur général de Boisaco de 1985 à 1998 puis de 2008 à 2012. Pour réduire sa dépendance envers les acheteurs de sous-produit, l’entreprise a diversifié ses activités à même le site industriel ou se trouve l’usine de sciage.

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« Même si on n’avait personne pour nous accompagner pour développer le procédé de fabrication de panneaux de portes, on a foncé », explique Guy Deschênes, ancien président et fondateur de Boisaco. Les promoteurs de Sacopan, lancé en 1999, ont d’abord appris par essai et erreurs, avant de conclure un partenariat avec le géant Masonite, en 2002, qui allait assurer l’avenir de l’usine. Sans expérience et sans mode d’emploi, Sacopan est même devenue l’usine qui fabrique les meilleurs panneaux au monde !

« On est probablement la seule usine au monde à produire des panneaux de portes avec des copeaux de résineux, note André Gilbert, directeur général de Boisaco. Si Boisaco n’avait pas lancé ce projet, personne n’aurait pensé prendre ce pari risqué. » La demande des usines de pâtes pour les copeaux de résineux fait augmenter les prix, ce qui explique pourquoi les usines de portes utilisent plutôt les copeaux de feuillu. « Mais ils sont loin d’avoir la même qualité au niveau de densité », ajoute M. Gilbert.

Pour rendre l’opération viable malgré les coûts plus élevés, Sacopan profite d’un approvisionnement stable et homogène, grâce aux copeaux qui sont acheminés directement de l’usine, via un système de soufflerie pneumatique. De plus, l’approvisionnement est toujours homogène, car les copeaux de sapin (25 %) et d’épinette (75 %) sont mélangés.

Avec le temps, l’expérience a démontré qu’il était favorable pour Sacopan d’utiliser de petits copeaux pour fabriquer les portes, moins énergivores lors du procédé de défibrage. C’est pourquoi un tamis Forano de 8 pieds par 4 pieds a été installé dans l’usine de sciage, dans le but de séparer la sciure, les petits copeaux et les gros copeaux. Les petits copeaux sont utilisés par Sacopan, la sciure par Granulco et les gros copeaux sont vendus pour faire de la pâte. « Tout le monde est gagnant, car les papetières préfèrent les gros copeaux », soutient Éric Gravel, surintendant qualité et production, qui note que ce procédé est unique, car il n’existe pas de débouchés pour les petits copeaux sur le marché.

Tous ces éléments ont permis à Sacopan de devenir une des usines les plus performantes de Masonite. « Même s’ils ont un approvisionnement dans les plus dispendieux au monde, ils ont l’usine la plus productive et la moins chère en terme de coûts de panneaux », souligne André Gilbert. Sacopan a d’ailleurs le taux rejet de 3 à 4 % (avec des pointes à 1 %) le plus faible de l’industrie où 7 % est considéré comme un bon taux.

Sacopan fabrique 9 millions de panneaux annuellement en consommant 35 000 de 110 000 tonnes de copeaux produites par Boisaco.

Le cœur du site
Même si Sacopan et les autres coentreprises font la fierté de Boisaco, le cœur du site demeure l’usine de sciage, qui transforme 550 000 m3 de bois par an, dont 349 900 m3 proviennent de la garantie d’approvisionnement, 20 000 m3 de la forêt privée et le reste du bureau de mise en marché du bois (BMMB). Boisaco retient les services d’une trentaine d’entrepreneurs forestiers pour la récolte. Le feuillu récolté prend le chemin de l’usine de Bersaco, qui transforme 50 000 m3 de bois annuellement en composantes de palette.

Situé sur à la frontière du Saguenay, Boisaco est désavantagée par le nouveau régime forestier qui attribue les garanties par région. Des volumes de bois sur leur « territoire historique » dans le secteur avoisinant l’usine leur échappe désormais alors qu’on ont du refuser 90 000 m3 de bois situé près de Baie-Comeau… à plus de 300 km de l’usine !

Pour fournir l’usine, l’approvisionnement est traité en deux catégories distinctes, soit le 9 pieds (qui inclut du 8 pieds) et le 16 pieds (qui inclut du 12 et du 14 pieds).

Les marchés
Pour diversifier ses marchés l’usine fabrique plus de 100 produits allant du 1 x 3, 6 pieds au 2 x 6, 16 pieds d’épinette (75 %) et de sapin (25 %). Ils sont aussi un des seuls producteurs de 2 x 5 au Québec. Le bois de 10 à 16 pieds est dédié au marché de la construction alors que le bois plus court sert surtout à des clients qui font de la valeur ajoutée sous forme de poutrelles et de collages. Pour maximiser la valeur du bois, Boisaco produit une forte proportion de bois MSR. L’usine produit entre 120 et 130 millions de pmp annuellement.

Pour l’instant, le goulot d’étranglement de l’usine se trouve à l’éboutage, mais l’entreprise a un projet sur la table pour corriger la situation. L’investissement récent dans un système de presse et d’emballage Acme a permis à Boisaco d’améliorer la qualité des produits. « La tension exercée lors de l’emballage permet de corriger les défauts qui restent », note Éric Gravel.

En plus d’envoyer une partie des copeaux à Sacopan, Boisaco approvisionne directement deux entreprises sur le site du complexe industriel en sciures en planure, Ripco, qui produit de la litière équestre et Granulco, qui fait des granules de bois.

Partager les frais
Avoir plusieurs entreprises sur le même site ne fait pas que réduire les coûts de transport et de manutention. Ça permet également de mettre des services en commun. Par exemple, le regroupement des entreprises bénéficie du tarif L d’Hydro-Québec pour les grandes entreprises. « Ce regroupement coupe presque la facture en deux », note André Gilbert. La facture totale est par la suite distribuée selon la consommation réelle de chaque entreprise.

Cette affluence permet aussi à l’usine de sciage de faire plein de petits produits pour les coentreprises, comme des lattes et des palettes en récupérant des petits morceaux. « En faisant plus de produits, ça nous permet de faire travailler plus de monde », lance André Gilbert, un concept très fort au sein de la coopérative où tous les membres sont actionnaires.

De plus, toutes les coentreprises peuvent bénéficier de l’expertise et des équipements de maintenance de l’usine de sciage, minimisant ainsi les frais tout en améliorant la rapidité d’exécution de la maintenance.

Des écorces pour le chauffage
Finalement, près de 70 % des écorces sont aussi valorisées sur le site. D’une part Sacopan, utilise 35 % des écorces pour chauffer l’huile thermique qui sert aux presses. Puis un autre 35 % des écorces sert à alimenter une centrale thermique à la biomasse qui fournit de la chaleur au trois des quatre séchoirs MEC (le 4e séchoir, alimenté au butane, est utilisé pour sécher le sapin).

Une usine de cogénération de 9 MW, qui devrait voir le jour en 2018, viendrait consommer le 30 % d’écorce restante ainsi que les écorces enfouies dans plusieurs sites appartenant à Boisaco.

Biocarburants ? Chimie verte ? Difficile à dire pour l’instant, mais le département de recherche et développement cherche des débouchés pour transformer le 65 % de copeaux générés par l’usine et qui sont toujours transformés hors du site.

« Notre originalité c’est d’avoir valorisé les sous-produits du sciage. On ne peut pas tout faire en même temps, mais on éventuellement valoriser aussi les produits du sciage », conclut André Gilbert, fier du travail accompli par Boisaco, qui génère aujourd’hui, avec ses filiales, un chiffre d’affaire de plus de 100 M$ et qui emploie 560 personnes.

Quelques équipements clés chez Boisaco

  • Un écorceur Forano 18 pouces
  • Deux écorceurs Cambio 18 pouces
  • Un écorceur Carbotech 25 pouces
  • Une petite ligne de sciage DDM6 « one-pass » avec profileurs intégrés
  • Un équarisseur à scie jumelles PHL
  • Une refendeuse à scie multiple Comact
  • Une ligne de délignage Inotech
  • Une ébouteuse à scie multiple avec système d’optimisation Autolog
  • Un tamis à sciure Forano
  • Une presse et emballeuse Acme Strapping
  • Une rabotteuse Gilbert
  • Un système de classification au rabotage VAB
  • Quatre séchoirs MEC
  • Une centrale thermique à la biomasse 600 hp


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