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L’ours noir et les coupes forestières menacent la survie du caribou

"Les évidences scientifiques sont robustes quant aux impacts cumulés des perturbations anthropiques sur plusieurs facettes de l'écologie du caribou", note le chercheur Martin-Hugues St-Laurent.

16 octobre, 2013  par Guillaume Roy


Ça sera maintenant l'heure de faire des choix de société quant à la manière de gérer l'habitat du caribou », note M. St-Laurent. Guillaume Roy

Une récente étude sur la probabilité de survie du caribou a démontré que le taux de survie des faons n’était que de 53 % pendant leur premier mois de vie et de 43 % après 90 jours. Sur ce nombre, 59 % avaient été la proie de l’ours noir. L’étude révèle également que plus les caribous évitent les secteurs de coupe et les routes forestières, plus leur taux de survie est élevé.

« On devra travailler à faire un habitat plus favorable pour le caribou que les ours », croit Martin-Huges St-Laurent, chercheur au Centre d’études nordiques de l’Université du Québec à Rimouski. Il a profité du Forum de transfert sur la forêt boréale commerciale présenté à Chicoutimi le 11 octobre dernier pour venir présenter les résultats de l’étude « Impact de l’aménagement forestier sur la survie du caribou forestier au Sagunay-Lac-Saint-Jean ».

Selon l’expert faunique, le taux de survie des faons est très préoccupant si on veut maintenir les populations de caribous dans les forêts aménagées au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Dans l’étude, on souligne que 71 % des cas de mortalité sont dus à la prédation et que dans 83 % des cas, l’ours noir était responsable. « Ces résultats suggèrent qu’il importe de se soucier des effets de l’aménagement forestier sur l’ours noir pour mieux comprendre comment la composition, la structure et la configuration des habitats forestiers impactent la survie des faons », peut-on lire dans le résumé de l’étude.

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Toutefois, les femelles matures semblent mieux survivre au Saguenay-Lac-Saint-Jean, car leur taux de survie a été estimé à 91 %, comparativement à la moyenne canadienne de 85 %. Si l’on faisait abstraction du faible taux de survie des faons, un tel résultat suggèrerait une population stable.

Des habitats favorables à la survie des caribous
Mais comment les habitats disponibles pour le caribou influencent-ils leur survie? Les coupes forestières sont-elles en cause?

D’une part, plus les femelles évitent les coupes forestières et plus les faons survivent. D’autre part, les femelles dont les faons mourraient par prédation avaient davantage de coupes de moins de 5 ans dans leur domaine vital de mise bas et elles fréquentaient davantage ces coupes.

Ces constats s’expliquent par le fait que le caribou se déplace beaucoup plus la nuit pour se nourrir dans les sites riches, soit dans les coupes de moins de 20 ans, la nuit. Tout comme le fait l’ours noir!

Et le loup…
Une fois adulte, le loup devient le principal prédateur du caribou. Lorsque la densité de caribous est localement élevée, le loup détourne son attention des orignaux, sa proie préférée, vers le caribou. Du coup, « le comportement du loup compromet la coexistence du caribou en présence d’orignal », souligne l’étude.

Les résultats de l’étude mettent en évidence les liens entre l’aménagement forestier, le comportement du caribou en sa survie en forêt aménagée. « Nos travaux suggèrent que la rétention de grands massifs d’habitats préférentiels au caribou, spatialement isolé des coupes forestières et des routes, est primordiale à la conservation du caribou. Les évidences scientifiques sont robustes et nombreuses quant aux impacts cumulés des perturbations anthropiques sur plusieurs facettes de l’écologie du caribou. Ça sera maintenant l’heure de faire des choix de société quant à la manière de gérer son habitat », conclut M. St-Laurent.


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