Opérations Forestières

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Plus fort avec les bons partenaires

Michael Lavoie a su s’entourer des personnes clés pour faire croitre son entreprise et développer une synergie entre la construction de chemins forestiers et l’abattage.

16 mars, 2017  par Guillaume Roy


Benoit Gallant et Michael Lavoie forment un duo d’enfer en combinant leur connaissance sur l’abattage et la construction de chemins forestiers.

Avec 15 années d’expérience de construction de chemins forestiers en tant qu’opérateur de pelle, Michael Lavoie était prêt à devenir son propre patron en 2012. Mais où trouver 400 000 $ pour s’acheter deux pelles pour lancer sa propre entreprise ? Difficile de compter sur les banques qui deviennent frileuses dès qu’on leur parle de foresterie, estime Michael.

C’est en discutant avec Éric Bernier, alors directeur de territoire de Rébec, une filiale du Groupe Remabec, pour la Mauricie, qu’une piste de solution a émergé. « Quand on a de bons travailleurs et qu’on croit en eux, on cherche toujours quelle est la meilleure façon de les aider, explique ce dernier. On savait que Michael était un excellent opérateur et qu’il ferait un bon entrepreneur. C’est pourquoi on lui a proposé de lui louer des pelles pour sa première année d’opération ».

Et après seulement une année de location, Michael avait dégagé une marge de profit intéressant et il était déjà prêt à voler de ses propres ailes. Il a donc acheté les deux pelles Komatsu de Rébec en continuant de travailler pour l’entreprise en tant que sous-traitant.

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« Sans l’aide de Remabec, je ne serais pas ici, soutient Michael Lavoie. Ils m’ont fait confiance, et même si on n’avait pas signé de contrat, ils ont tenu parole. »

Pendant les deux années qui suivirent, les opérations allaient bon train, mais le travail n’était pas optimisé, estime ce dernier. « Ça travaillait moins bien avec certains entrepreneurs forestiers qui buchaient devant nous et je me suis rendu compte qu’il y aurait des synergies à faire si j’avais mon propre kit d’abatteuse », lance l’homme de 38 ans qui a toujours réinvesti ses profits pour faire fructifier son entreprise. Son seul problème : il n’avait aucune expérience avec les abatteuses.

À la recherche d’un partenaire fiable et professionnel, il rencontre alors Benoit Gallant, un mécanicien hors pair qui travaillait alors pour Hydromec, un fournisseur d’équipement basé au Lac-Saint-Jean. Il lui lance alors l’idée de s’associer pour compléter son équipe. Mais Benoit reste d’abord stoïque devant l’offre qui lui est faite, et il ne répond pas sur-le-champ.

Devenir son propre patron trottait pourtant dans la tête de Benoit depuis plusieurs années, et quelques mois plus tard, il lâche finalement un coup de téléphone à Michael pour discuter de son offre plus sérieusement. « J’étais prêt à m’occuper de mes propres machines », dit-il.

Benoit et Michael montent alors leur plan d’affaires avec l’aide de Rébec, qui les soutiennent dans leur projet. « Ça faisait longtemps qu’on voulait favoriser l’essor d’équipes qui feraient l’abattage et la construction de chemins en même temps, commente Éric Bernier. On a pris le temps de bien regarder le capital humain avec les gars, parce que tout le reste, c’est juste du métal. On a tout de suite vu que les gars étaient sérieux. »

Un risque payant
Au printemps 2016, les deux entrepreneurs lancent l’entreprise Forestiers MLBG et ils font alors l’acquisition d’une abatteuse Eltec série 310 munie d’une tête Ponsse H7 et d’un porteur Elephant King. « Seul, je n’aurais jamais fait cet investissement, parce que ce n’est pas mon métier. C’est un gros risque à prendre et j’ai dû tout hypothéquer pour faire ces achats », explique Michael.

Mais le risque a été payant, car en combinant les équipes de construction de chemin avec l’équipe d’abattage, ils réalisent énormément de synergies. Il a par exemple acheté un quatre-roues et un réservoir de 450 litres pour faire la distribution du carburant à toutes les machines. Il gagne ainsi un temps énorme, car les abatteuses sont loin du camion de maintenance lors de la construction de chemin. Le transporteur peut aussi être utilisé pour transporter des calvettes dans les temps morts au lieu d’attendre le bois. Ils ont aussi fait l’achat d’un camion d’armée qui sert à ranger davantage de matériel tout en tirant le camion de maintenance lorsque le terrain est difficile. L’équipe sauve aussi sur le transport, car il ne faut qu’un seul pick-up pour transporter tous les employés nécessaires pour les cinq machines. « On a fait plein de petits gains en efficacité et tout est plus facile aujourd’hui. Si j’ai des problèmes, c’est à cause de moi », ajoute Michael Lavoie.

« Notre plus grande force est notre complémentarité », soutien Benoit Gallant, souriant en sortant de l’abatteuse Eltec, dans le secteur McCarthy, à une trentaine de kilomètres au sud de Parent. Après quelques ajustements à faire au cours de l’année, l’abatteuse robuste fonctionne maintenant à plein régime et les Forestiers MLBG récoltent entre 1700 et 1800 mètres cubes par semaine. Une performance très satisfaisante pour les entrepreneurs qui avaient prévu en récolter 1300 m3/semaine dans leur plan d’affaires ! Avec un réservoir de 1600 litres, il suffit de faire le plein une fois par semaine, un autre avantage dans la construction de chemin. L’équipe, qui compte 10 employés, construit en moyenne 1 km de chemin forestier en hiver.

Le modèle est si intéressant et performant que Rébec souhaite répliquer ce modèle de travail au sein d’une de ses filiales à Port-Cartier, tout en encourageant les sous-traitants à en faire de même. « Les opérations sont plus simples et plus rapides quand on fait affaire avec un seul entrepreneur qui gère l’abattage et les chemins », note Éric Bernier, qui est désormais adjoint au vice-président aux opérations forestières pour le Groupe Rémabec.

Au cours de la dernière année, Michael a aussi fait l’achat d’une troisième pelle, une Komatsu PC360, qui vient combler les besoins de Rébec sur différents chantiers. Cette acquisition vient compléter la flotte composée d’une Komatsu PC290, d’une Komatsu PC270 et d’un Caterpillar D5.

Pour assurer leurs besoins de main-d’œuvre, les entrepreneurs n’hésitent pas à recruter les finissants directement à la sortie des CFP. « Ça nous permet de former notre main-d’œuvre, tout en profitant des programmes de subventions pour les jeunes diplômés », note Michael Lavoie, qui embauche aussi des opérateurs d’expérience à la retraite, comme son père, qui viennent lui donner un coup de main lorsque le besoin se fait sentir.

Après seulement quelques années en tant qu’entrepreneur, Michael Lavoie a su bien s’entourer pour bâtir une entreprise solide.


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