Opérations Forestières

Nouvelles Nouvelles de l’industrie
Générer plus de valeur

Pour se démarquer, les joueurs de l’industrie forestière ont deux options : devenir des leader des prix les plus bas ou créer davantage de valeur.

13 mai, 2016  par Guillaume Roy


Yan Cimon, professeur et codirecteur du Centre interuniversitaire de recherche sur les réseaux d'entreprise, la logistique et le transport (CIRRELT) à l’Université Laval, lors d’une conférence tenue dans le cadre du congrès du Conseil de l’industrie forestière du Québec (CIFQ) le 11 mai dernier.

«L’industrie forestière détruit littéralement de la valeur», a soutenu Yan Cimon, professeur et codirecteur du Centre interuniversitaire de recherche sur les réseaux d’entreprise, la logistique et le transport (CIRRELT) à l’Université Laval, lors d’une conférence tenue dans le cadre du congrès du Conseil de l’industrie forestière du Québec (CIFQ) le 11 mai dernier.

L’expert explique ce constat par le fait que le retour sur l’équité et les marges nettes dégagées par l’industrie sont négatifs. Pour l’instant, investir son argent à la banque est plus intéressant que de l’investir dans le secteur forestier, dit-il.

Mais comment le Québec en est-il venu là? En se comparant au voisin ontarien, Yan Cimon note que le cout moyen de production est plutôt semblable. «Dans le bois d’œuvre, le panier de produits génère moins de revenus au Québec qu’en Ontario. Et ça, c’est inquiétant», dit-il. Légère consolation : les producteurs québécois génèrent plus de valeurs avec les sous-produits, mais pas assez pour combler l’écart avec l’Ontario.

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Est-ce qu’on pourrait régler le problème en augmentant la possibilité forestière? «La qualité des tiges a diminué et la récolte coute de plus en plus cher. Je ne suis pas certain que l’on puisse jouer le jeu de la possibilité forestière. Même si on augmente la possibilité, ce n’est pas certain qu’on puisse augmenter la récolte. La possibilité forestière diminue, mais on n’a jamais été proche de la dépasser. De plus, il y a plus en plus de concurrence pour les différents usages de la forêt, pour des aires protégées notamment. La réponse se trouve peut-être ailleurs», explique M. Cimon, qui croit qu’un manque de valorisation est le facteur le plus inquiétant.

Deux options
La première option des industriels pour augmenter leurs bénéfices : devenir un leader des coûts, en misant sur l’automatisation. «Dans ce modèle, il faut faire du gros volume, mais il n’y a qu’un leader et les autres font du rattrapage. Pour l’industrie dans l’ensemble, ce n’est pas certain que ce soit une stratégie gagnante», commente le professeur.

D’autant plus que les redevances payées à l’état ont explosé au cours des dernières années. Alors que le bois coutait moins cher au Québec qu’en Ontario en 2010, il en coutait 8$ de plus par mètre cube en 2014, un prix deux fois plus élevé qu’en Ontario. Ce qui semble un désavantage pourrait toutefois permettre au Québec de négocier un marché de libre-échange avec les États-Unis étant donné que le prix du bois est fixé par le marché, lors des mises aux enchères.

L’autre option est de créer davantage de valeur. Comment? Il faut d’abord cibler des bons produits pour les marchés potentiels et il faut faire des choix. «Puis, il faut revoir l’aspect relationnel de création de valeur. Il faut penser davantage aux besoins du client de votre client et vous rendre indispensable», soutient M. Cimon, qui cite en exemple Nespresso, qui a réussi à faire passer ses marges de 40 % à 80 % en encapsulant le café !

Pour créer de la valeur dans l’écosystème, il faut innover en ajoutant de la valeur au modèle d’affaires des autres joueurs de la chaine, conclut ce dernier. 


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