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Une relance presque parfaite

Après la tempête parfaite, la relance sera-t-elle à la hauteur ?

23 avril, 2015  par Guillaume Roy


Après la tempête parfaite, la relance sera-t-elle à la hauteur ?

Alors que la faiblesse du dollar canadien et la hausse des mises en chantiers aux États-Unis laissent présager une forte demande pour les produits du bois, la capacité de production, l’approvisionnement et la main-d’œuvre pourront-ils suffire ?

Les astres sont enfin enlignés pour une relance, mais les nombreuses fermetures de scieries et le manque d’investissement dans les équipements pendant la crise forestière laisse présager que la capacité de production pourrait faire défaut. « Il faudra rapidement penser à la modernisation des équipements », estime Alexandre Larouche économiste pour les consultants forestiers Del Degan Massé.

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Bob Burke, conseiller économique chez RISI, croit également que la capacité de production restreindra davantage l’offre que l’approvisionnement forestier. Il croit aussi que la main-d’œuvre, qui a quitté pendant la crise, pourrait ne pas être au rendez-vous lorsque les industriels en auront besoin.

De plus, l’accord sur bois d’œuvre entre le Canada et les États-Unis expire en octobre 2015. La faible valeur du dollar canadien pourrait jouer contre les producteurs canadiens. Une période tampon d’un an est prévue, mais une nouvelle entente devra être conclue au plus tard en octobre 2016. À suivre.

En 2015, Québec devra également protéger 64 000 km2 supplémentaires pour atteindre son objectif de protection de 12 % du territoire québécois, réduisant davantage la quantité de bois disponible pour l’industrie forestière. Même si l’implantation d’aires protégées peut être douloureuse, c’est un passage obligé pour répondre aux critères de certification internationale comme FSC et favoriser l’acceptabilité sociale. Le Québec répond à des normes des plus rigoureuses sur la planète. Continuons à être les leaders.

C’est d’ailleurs l’environnement qui sera la planche de salut pour assurer le futur de l’industrie forestière. Le Bureau de promotion des produits du bois (QWEB) travaille depuis plusieurs années auprès des instances de l’ONU pour que les normes de construction impliquent la réduction de la production de gaz à effets de serre. Sylvain Labbé, le PDG du QWEB fait d’ailleurs parti du conseil d’administration du Comité sur le climat et le bâtiment durable du Programme des Nations Unies. Notez ici qu’il n’est pas question de faire la promotion du bois au sein de ce comité, mais bien de l’environnement.

Lorsque vient le temps de choisir un matériau de construction qui permettra de réduire l’impact sur les changements climatiques, le bois, qui capte le dioxyde de carbone dans l’atmosphère, est à chaque fois le gagnant. Et le travail du QWEB porte fruit car un premier bâtiment pilote, qui répond aux normes de l’ONU, sera construit en Chine en 2016. Si les tests de réduction de gaz à effet de serre répondent aux attentes, l’ouverture du marché chinois pour la construction résidentielle et de bâtiments multi étagés pourrait représenté plus de deux millions de mises en chantiers annuellement, soit deux marchés américains d’un seul coup.

Avec les normes de construction environnementales qui sont de plus en plus rigoureuses, la demande pour les produits du bois ne s’essoufflera pas. Et chaque fois que la demande de bois augmente de 1 %, le prix pour les produits augmente de 0,5 %, a souligné Charles Tardif, vice-président de Maibec et membre du conseil d’administration du Softwood lumber board (SLB) lors de la Convention sur le bois de Montréal le 18 février dernier.

Avec l’émergence de nouveaux marchés, la question est de savoir si les usines québécoises seront en mesure d’en tirer le plein profit. Pour y parvenir, il faudra rapidement moderniser les équipements pour être plus productif, tout en trouvant des solutions pour améliorer l’efficacité du nouveau régime forestier. L’annonce récente de la réorganisation de la planification forestière, qui fera plus de place à l’industrie, aidera à améliorer l’efficacité en rendant disponible la bonne essence au bon moment pour la bonne usine. Reste à voir si Québec saura être aussi proactif pour redistribuer les 30 millions de mètres cubes non récoltés entre 2008 et 2013.

Intensifier la production
À long terme, nous devrons augmenter la productivité de nos forêts pour conserver la possibilité forestière, protéger l’environnement et ainsi assurer une forte acceptabilité sociale. Des recommandations sur le sujet seront présentées ce printemps par le doyen de la Faculté de foresterie de l’université Laval, Robert Beauregard, qui a présidé le Chantier sur la production de bois lancé lors du Rendez-vous sur la forêt à l’automne 2013.


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